Holemans Manalys, les dessous de la fusion de deux maisons joaillières belges

Écrit par Ingrid Van Langhendonck | Publié dans So Soir - le lifestyle selon Le Soir en mars 2025

La nouvelle pourrait sembler anodine : Les maisons Holemans et Manalys, toutes deux orchestrées par Moïse Mann fusionnent en une seule enseigne, Holemans Manalys, qui sera donc désormais présente à la fois sur la Place du Grand Sablon et le long du boulevard de Waterloo…

On pourrait penser qu’il s’agit de simplifier les choses, de rationaliser le business, « Mais pas du tout… » nous explique Moïse Mann. « Il a fallu refaire toutes les enseignes, le site internet, la déco, les adresses mail et toute la communication. Ma vie aurait été plus simple si j’avais conservé les deux maisons telles quelles, mais je voulais boucler la boucle en quelque sorte. » Car entre la maison séculaire et sa petite sœur de cœur, il y a pourtant une belle histoire, une destinée en quelque sorte que Moïse Mann nous confie.

« C’est pour moi comme un aboutissement »

Quand on lui demande pourquoi il a fusionné ces deux maisons en un seul nom, Moïse Mann parle d’une sorte de suite logique, d’une histoire et d’un parcours commun… « Il ne faut pas oublier que j’ai commencé ma carrière chez Holemans et que j’y ai passé 18 ans. Après quelques années dans un atelier anversois, j’y suis rentré comme ouvrier et j’y ai tout appris, j’ai grandi avec cette maison. Il y a 16 ans, j’ai créé Manalys, et 5 ans plus tard, j’ai eu l’occasion de racheter Holemans… C’est une histoire insolite, mais j’ai juste fait les choses avec le savoir-faire comme ligne conductrice. Depuis toujours, les deux maisons défendent les mêmes valeurs au niveau du savoir-faire et de la qualité. Aujourd’hui, les regrouper sous une même coupole, c’est une décision qui vient boucler la boucle en quelque sorte. Absorber une maison dans le nom de l’autre n’était pas une option et j’ai même choisi de mettre Holemans avant Manalys dans ce nouveau nom, simplement parce que c’est l’historique de mon aventure au sein de ces deux maisons : deux parcours qui se sont entrelacés et enrichis l’un et l’autre. Je le vis comme une manière de mettre un nom sur mon histoire, et c’est cela que je veux transmettre… C’est éminemment symbolique comme démarche».

Un passionné d’excellence

«C’est quand je suis concentré sur mon métier que je perds cette notion du temps. Car j’ai l’obsession de la pièce bien faite, quel que soit le temps passé dessus. Le client ne verra peut-être pas la différence sur de si petits détails, mais un professionnel voit ces détails d’exécution qui sont essentiels pour moi : je veux que ce soit parfait. Certains parlent d’excellence, je lui préfère le mot artisanat, car l’artisan est précisément celui qui va au bout des choses, jusqu’à ce que ce soit parfait. La difficulté, quand on devient chef d’entreprise est qu’on prend les décisions seul et qu’on assume les erreurs seul aussi. J’ai eu beaucoup à apprendre, car je ne suis pas un gestionnaire, je reste un ouvrier. C’est l’aspect du métier que je maîtrise vraiment. Aujourd’hui, je suis à l’aise avec mes clients parce qu’au fond, je sais de quoi je parle, c’est pour cela que mes clients reviennent, je me plais à me dire que c’est parce que cette exigence fait la différence. Quand je regarde en arrière, ça a été un parcours incroyable. Ce métier permet de rencontrer toutes les strates de la société, sans exception ; des miniers avec qui je descends dans la mine, et qui me demandent après coup ce que j’ai fait de leurs pierres, aux multimilliardaires et même des présidents qui ont acheté mes créations, c’est un métier qui vous apprend à ne pas prendre la grosse tête… Enfin, pour ne pas prendre la grosse tête, je peux compter sur ma femme (il rit)».

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